Villa Egger, 1955, dernière demeure du discret Architecte René Egger

Avenue Général Grossetti, 13007 Marseille
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Villa Egger, 1955, dernière demeure du discret Architecte René Egger
Arrondissement : 8ème
Architecte discret décédé en février 2016 à l’âge de 100 ans, René Egger a cependant été l’un des grands bâtisseurs de Marseille entre 1948 et 1974. Après la guerre, il modernise avec son style (aimé ou décrié) la cité phocéenne sous l’égide de Gaston Defferre, “maire bâtisseur” de Marseille de l’époque. On lui doit de nombreux équipements tels que l’hôpital de la Timone, l’École d’architecture de Luminy, le Building Canebière, le Musée Regard de Provence, environ 150 écoles primaires, 6 collèges, 3 lycées…il sera également le créateur d’une seule villa, sa villa. Une demeure méditerranéenne construite en 1955 dominant le Centre Nautique du Roucas Blanc. Elle sera mise en vente quelques mois après sa mort en juin 2016. Découverte de la demeure et surtout l’histoire de son concepteur.

« Les réalisations de René Egger racontent bien le XXe siècle de la ville, explique-t-on au Conseil régional de l’Ordre des architectes Paca : les écoles communales de l’après-guerre, l’arrivée des pieds-noirs avec le parc Bellevue, l’ère balnéaire avec les premiers plans du Prado. » Pendant plusieurs décennies, René Egger a aussi été l’architecte de Gaston Defferre et il a dessiné la ville moderne telle qu’on la pensait à l’époque : fonctionnelle et monumentale. Associé pendant des années à Fernand Pouillon, René Egger est resté discret « alors que les bâtiments portant sa signature sont encore des signaux aux quatre coins de la ville », souligne le Conseil régional de l’Ordre des architectes. La villa Egger fut construite pour son propre compte par l’architecte marseillais alors qu’il travaillait avec Fernand Pouillon à la reconstruction du Vieux-Port de Marseille.

Seule résidence individuelle qu’il réalisa dans sa riche carrière, elle se caractérise par une fusion subtile d’un style traditionnel méditerranéen et d’un brutalisme assumé, dans la même veine que l’architecte Jacques Couëlle, et préfigurant les réalisations de Maurice Sauzet.

Surplombant la rade de Marseille, elle s’ouvre sur de multiples terrasses en espalier côté mer au Sud. A contrario sa façade Nord est peu percée pour se protéger du vent. La villa développe une surface habitable d’environ 500 m² répartie sur deux niveaux. Le niveau supérieur dédié à la réception profite d’une vue dégagée et accueille un triple salon avec patio ouvert sur le jardin et les terrasses panoramiques, une grande salle à manger avec loggia, une cuisine avec office et lingerie et une suite avec chambre et salle de bain. Le niveau inférieur est desservi par un superbe escalier en bois et comprend l’espace nuit composé de cinq chambres, un salon et un dressing. L’édifice accueille également un studio indépendant d’environ 50 m² abritant un séjour avec loggia et une chambre, tous deux ouverts sur une terrasse avec un accès jardin. Un parking et un garage complètent l’ensemble. La maison s’élève à l’ombre des pins au sein d’un très beau terrain d’environ 3200 m² abondamment planté d’essences méditerranéennes et exotiques, sur le magnifique site de l’ancien Château Talabot. Le jardin profite d’une superbe piscine ovoïde en pâte de verre bleue protégée par un mur de pierres sèches, ainsi que d’un court de tennis.

Edifiée en belvédère et inspirée de l’architecture traditionnelle méditerranéenne, la villa a été bâtie en pierre et en bois tropicaux. Les façades Nord et Est présentent peu d’ouvertures afin de protéger les habitants des vents dominants. La façade Sud est quant à elle percée de nombreuses baies vitrées ouvertes sur de vastes terrasses avec une vue sur mer à couper le souffle. Un permis de construire a été accordé en 2015 pour une dépendance de 197 m².

 

Building Canebière

En période d’après-guerre, l’accent était mis sur la rapidité de construction. “il fallait avancer pour que les 150 000 enfants de la Guerre puissent étudier” confiera t’il à la rédaction de Marseille Hebdo en 2011. René Egger réussit le défi d’élever les écoles en moins de 6 mois : “Alors qu’il fallait un an pour construire une école, nous les avons faites en 5 mois pour qu’elles soient prêtes à la rentrée. On ne pouvait pas laisser les enfants dehors ou dans les baraques laissées par les Allemands“, raconte-il au journal en ligne Marsactu. Du fait d’un accès aux matériaux de construction difficile, l’architecte développe un style simple et fonctionnel. Héritier direct des modernistes (Le Corbusier), Egger fit du béton son matériau de prédilection. Une révolution architecturale, qui libère l’espace, en oubliant les murs porteurs, remplacés par des poteaux-poutres qui rendent possibles les constructions sur pilotis. Autre innovation caractéristique : la fenêtre bandeau, percée à l’horizontale, qui court sur toute la largeur d’une façade. Si son architecture a parfois été critiquée, souvent taxée de « brutale », René Egger répondait: “Au sortir du régime de Vichy, il fallait surtout survivre en construisant“.

Peu connu des Marseillais, “René Egger laisse dans notre ville et dans notre quotidien une trace considérable” avait souligné hier Jean-Claude Gaudin dans un communiqué peu après le décès de René Egger. Pour l’Ordre des architectes, “c’est tout un pan de la modernité qui accompagne son départ, celle qui nous laissait encore croire que l’avenir était devant nous.”


SOURCES architecturedecollection.fr & PSS archi & Marsactu & La Provence
PHOTOS Barnes & Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com
A NOTER Ce site est un blog personnel, ces informations sont données à titre indicatif et son mises à jour aussi souvent que possible. N’hésitez pas à me contacter pour toute correction ou contribution


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