Rue Armand Bédarride, Grand Orient & Street-Art

Rue Armand-Bédarride, 13006 Marseille
542
Rue Armand Bédarride, Grand Orient & Street-Art
Arrondissement : 6ème
Cette petite rue très discrète qui relie le Cours Julien au Cours Lieutaud par un grand escalier est peut-être la plus intéressante de Marseille en matière de Street-Art avec une explosion de couleurs et des créations de qualité imaginées par de grands noms du graff…c’est aussi ici que siègeait jusqu’en 2018 la grande maison de la maçonnerie marseillaise ainsi un tant d’une salle de concert également disparue L’Arthémuse. 

Pas un centimètre carré de mur n’aura échappé aux inspirations d’une multitudes d’artistes street-art, tels que, en autre, le crew NPK, BebarFreaks The FabLala Saïd Ko, Nhobi, Russ…de très belles créations à découvrir dans l’onglet “Photos” de cette fiche. Plus qu’une rue c’est une ruelle, d’abord simple impasse dans la rue Neuve (actuelle rue Jean Roque) dans le quartier de Noailles, elle débouche sur les hauteurs du cours Julien à la fin du xviiie siècle. Aujourd’hui elle commence au cours Lieutaud par un escalier à plusieurs volées construit lors du prolongement en tranchée du cours à partir de 1864. La partie de la rue qui donnait sur la rue Jean Roque a disparu. À l’origine la rue se nomme rue Piscatoris et commence rue Neuve (actuelle rue Jean Roque). En 1716 Jean-Pierre Piscatoris possède une fabrique de tuiles dans la rue Neuve. La fabrique utilise pour ses fours du bois provenant du Vallon Piscatoris situé dans le 11e arrondissement de Marseille.

Pendant la Révolution la rue Piscatoris reçoit le nom de rue du Bon-Secours ou du Secours, probablement à cause de la loge maçonnique qui existait à proximité. Elle devient rue Armand-Bédarride en 1937.

Armand Bédarride, après de solides études classiques à Paris, s’installe à Marseille en 1882 et s’inscrit au barreau de la ville. Très jeune, il participe activement au mouvement laïque et social. Il collabore également à plusieurs journaux, revues politiques artistiques et maçonniques. En 1896 il est élu conseiller municipal de Marseille et adjoint au Maire, réélu en 1900. Initié à la loge « La Réunion des Amis choisis » le 29 avril 1891, il s’implique dès que possible dans la gestion de l’obédience. Il est ainsi conseiller de l’ordre du Grand Orient de France de 1904 à 1907 puis de 1910 à 1913.

Or en 1904 éclate l’affaire des fiches, une opération de fichage politique et religieux des officiers, réalisée par le Grand Orient à l’initiative du général André, ministre de la Guerre.

Le scandale, qui entraîne la démission du Ministre et du gouvernement Combes, est aussi un tournant dans la vie d’Armand Bédarride. Il est attaqué par La Gazette du Midi, l’organe légitimiste marseillais, Le Soleil du Midi et Le Figaro, qui l’accuse d’avoir rédigé 26 fiches, sur lesquelles figure son nom. Parmi elles, celle du colonel Couilleau, commandant le 141e RI, lequel provoque en duel Armand Bédarride, qui refuse car, dit-il, il n’est pas l’auteur de cette fiche. Dès lors, Bédarride est l’objet d’une campagne de diffamation qui lui vaut d’être radié du barreau en décembre 1904.

Bien que réhabilité en Cour de cassation et réintégré au printemps 1905, il ne retrouve pas sa prospérité professionnelle et ses ambitions politiques sont ruinées. En fait, l’affaire des fiches a peut-être brisé la carrière politique d’Armand Bédarride.

À partir de 1923, il devient un auteur maçonnique prolixe. On lui doit d’abord des articles, puis des livres d’instruction régulièrement réédités jusqu’à nos jours. La maçonnerie n’est pour lui ni un marchepied, ni un syndicat de recommandation mutuelle, mais plutôt un foyer d’études humanistes : « tout ce qui est humain intéresse le sage qui veut collaborer au bien de tous ». Cela autorise les maçons à s’éclairer entre eux sur la conduite à tenir dans la vie profane. Bédarride fustige donc l’égoïsme sous toutes ses formes et aboutit à une apologie de la fraternité. Il a aussi été membre de la Société des Philalèthes (Philalethes Society).

La loge maçonnique siégeait ici au n°24 de la rue depuis 1830 dans une ancienne fabrique de tuile. La Loge comptait cinq temples, un au premier étage, quatre au second. Au rez-de-chaussée, la “salle humide” (lieu traditionnel de discussion du projet franc-maçon), ornée de fresques, accueillait le bar et la salle à manger.  Cet édifice a remplacé l’historique temple maçonnique à l’angle de la rue Crudère et du cours Julien, sur l’emplacement de l’actuel Espace Julien…il est renommé pour être au XVIIIème siècle l’un des plus richement décorés au monde. Le déménagement dans la rue Bédarride date de la seconde moitié du XIXème siècle. Excepté lors de leur expropriation de ce local, en 1940, les francs-maçons l’ont toujours occupé avant de rejoindre le Château Saint Antoine, nouveau fief érigé en 2018.

Au n°5 de la rue se trouvait L’Arthémuse, l’ancienne salle du bas du Mundo Kfé…la salle de concert accueillait un club de Jazz privé ouvert aux adhérents en soirée…mais aussi des formations musicales, théâtrales, des scènes ouvertes, des expositions et d’autres événements.


SOURCES Wikipédia, l’Express, l’Arthémuse
PHOTOS Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com
VIDÉO Sylvie Goubet
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