Place Jules Verne, 1993, sous les pavés, les épaves !

Place Jules Verne, 13002 Marseille
1796
Place Jules Verne, 1993, sous les pavés, les épaves !
Arrondissement : 2ème
Son nom lui a été donné en l’honneur de Jules Verne par délibération du 10 décembre 1956. Après la destruction des vieux quartiers en 1943, cette place est simplement nivelée et aucune construction réalisée avant qu’en 1993 une découverte archéologique majeure n’y soit réalisée.

Avant la réalisation d’un parking souterrain, des fouilles archéologiques préventives y sont réalisées d’août 1992 à avril 1993. Ces fouilles ont montré l’existence dans l’angle nord ouest de la place, d’un quai remontant à la fin du vie siècle av. J.-C. ; par suite d’envasement, ce quai ne sera plus utilisé à la fin du ve siècle av. J.-C. La plage qui s’était constituée au sud de ce quai, est utilisée comme chantier naval pour la construction et la réparation des navires. À la fin du ive siècle av. J.-C. des cales de halage y sont installées : il s’agit de poutres fixées au sol sur lesquelles on fait glisser la quille des navires pour procéder ensuite à leur entretien.

Cet ensemble est abandonné après la prise de la cité par les troupes de Jules César. Les fouilles de cette place ont également mis au jour un quai et un entrepôt à dolia spécialisé dans le commerce du vin et identique à celui conservé au Musée des docks romains.

Ces aménagements sont en pleine activité tout au long du ier siècle et de la première moitié du iie siècle. Au ve siècle le terrain devient marécageux et un habitat s’y installe à partir du vie siècle. Parmi les découvertes, deux navires du milieu du VIe siècle avant notre ère (Jules-Verne 7 et 9, également prélevés, traités et exposés au Musée d’Histoire de Marseille) témoignent des techniques d’architecture navale utilisées durant la période grecque archaïque. Datés des Ier et IIe siècles de notre ère, trois des cinq navires romains mis au jour étaient des bateaux de service préposés à l’entretien du plan d’eau : un mécanisme installé au centre de l’embarcation permettait le curage des vases déposées au fond du port. La partie supérieure de la proue d’une petite barque romaine du IIIe siècle (Jules-Verne 8) a été exhumée dans un état de conservation exceptionnel.

Enfin l’épave Jules-Verne 1-2, ainsi nommée parce qu’elle a été retrouvée coupée en deux, était celle d’un navire de charge du IVe siècle. Sur la place Villeneuve-Bargemon toute proche, une épave grecque a également été fouillée en 1997 ; elle avait été construite selon une technique mixte, similaire à celle utilisée dans le bateau Jules-Verne 7.

Le cas particulier des épaves Jules-Verne 7 et 9

Deux navires d’époque grecque archaïque ont été retrouvés côte à côte, abandonnés dans les vases marines d’époque grecque, sous l’actuelle place Jules-Verne. Ils avaient dû naviguer depuis la fondation de la cité puis, devenus trop vétustes, être désarmés et coulés vers -545, à une trentaine de mètres du rivage d’alors. Ils présentent les mêmes grandes caractéristiques architecturales : les bateaux ont été construits « sur bordé », selon une technique antique en usage à Phocée et dans sa colonie massaliète ; la coque était assemblée en premier, puis rigidifiée par l’armature interne. Toutefois ce sont leurs différences qui apportent de précieuses informations sur l’évolution de la construction navale au cours de la seconde moitié du VIe siècle avant notre ère. L’épave Jules-Verne 9, la plus petite des deux, était conservée sur 5 m de long et 1,50 m de large. Elle était celle d’une barque côtière d’une dizaine de mètres, aux formes élancées, propulsée à la rame et grâce à une petite voile auxiliaire, qui avait servi à la pêche au corail. Toutes ses parties étaient assemblées par des ligatures végétales en lin. L’épave Jules-Verne 7, conservée quant à elle sur 14 m de long et presque 4 m de large, appartenait à un petit caboteur de commerce d’une quinzaine de mètres, équipé d’une voile carrée et pouvant supporter une charge d’une douzaine de tonnes. Les éléments de sa coque avaient été ajustés au moyen de tenons chevillés dans des mortaises, tandis que l’armature interne était cloutée ou chevillée. Les ligatures n’étaient utilisées que pour l’assemblage des extrémités de la coque et les réparations. Probablement d’origine phénicienne, la technique des tenons et mortaises appliquée à la construction navale a engendré une nouvelle génération de navires, plus grands et plus solides, qui ont contribué à l’expansion commerciale de Marseille à l’époque grecque.

La place piétonne arbore à présent de superbes pots d’oliviers géants, un restaurant et offre une très belle perspective sur le Vieux Port.


SOURCES Wikipédia Place Jules Verne & Musée d’Histoire de Marseille & INRAP
PHOTOS Dominique Milherou tourisme-marseille.com & X. Corré & INRAP
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