Les Studios Saint Menet, du chocolat au cinéma, 1952

43 Chemin Vicinal Milière 13011 Marseille
5540
Construite sur les cendres du château du Marquis de Montgrand, l’usine est occupée de 1952 à 2006 par Nestlé puis par NetCacao. Cette fabrique de chocolat de Saint Menet aux bâtiments signés par l’architecte Ferdinand Pouillon assisté de René Egger, a été sauvée de la faillite en 2012 et rebaptisée par un groupe d’investisseurs russes. Une renaissance qui perpétuait la tradition chocolatière de la vallée de l’Huveaune. En 2019 on découvre un peu par hasard que l’aventure est bel et bien terminée avec un démantèlement progressif dès 2016 et le licenciement de 50 salariés ! La production a cessée en toute discrétion et les machines auraient été vendues. Les derniers signes de vie datent encore d’avril 2021 sur la page Facebook de l’usine qui évoquait alors encore une promo et la mise en travaux de la boutique. Mais depuis 2019, au hasard d’un coup de pinceau, le site s’est réorienté vers la production audiovisuelle et accueille depuis 2023 des studios de cinéma de 30 000 m² avec 13 plateaux et 15 décors !

la-chocolaterie-de-provence-marseilleConstruite en 1952 sur le terrain verdoyant de la bastide de Saint-Menet, l’usine « verte » de Marseille fait partie de la politique de développement de la société Nestlé, qui avait diversifié sa production et souhaitait s‘implanter dans le Midi de la France. A l’époque, Marseille offrait en effet, en tant que port de commerce, l’avantage d’être le lieu de réception des importations de matières premières, et le lieu de départ des exportations, une fois les produits transformés. La construction de cette usine, confiée à René Egger et Fernand Pouillon, reposait sur un programme ambitieux qui a notamment nécessité le détournement du tracé de l’autoroute reliant Marseille à Aubagne, alors en cours de construction. Le programme, imposé aux architectes, comportait différents ensembles : une unité de fabrication de chocolat, une unité de café soluble, toutes deux entièrement automatisées, des locaux d’administration, des équipements sociaux, et des logements pour les ouvriers. Basés sur des structures en béton, les bâtiments comportent des galeries, escaliers ou rampes qui animent les façades, et qui les distinguent des lieux de production, considérés comme purement fonctionnels, et dénués d’éléments décoratifs.

L’organisation soignée des bâtiments autour d’espaces paysagés a donné à cet ensemble son nom « d’usine verte ».

la-chocolaterie-de-provence-marseille-4Les effluves de chocolat ont failli disparaître à jamais en 2006 quand le groupe Nestlé décide de fermer son usine par manque de rentabilité. Le site est repris par Netcacao et compte alors 180 salariés. En 2011 Nestlé qui s’était engagé à acheter une partie de la production stoppe ses achats et Netcacao est placée en liquidation judiciaire. Malgré cette situation une poignée de salariés continue à faire tourner les machines pour préserver l’outil de travail. La Chocolaterie de Provence est alors rachetée en 2012 par les groupes russes Dar (5 M€ de chiffre d’affaires) et UEM (30 M€ de CA) qui en détiennent chacun 50% des parts. Ces deux investisseurs, spécialisés dans l’énergie et la mécanique, s’étaient déjà diversifiés depuis 2008 dans le secteur du chocolat en investissant dans la construction d’un site d’exploitation de fèves de cacao en Côte d’Ivoire.

Ils cherchaient une usine capable de transformer le cacao, géographiquement proche des marchés européens et facilement livrable par bateaux en fèves de cacao ivoiriennes.

C’est une directrice, Yulia Serykh qui a pris alors les commandes de l’ancienne usine en faillite à la barre du tribunal de commerce de la-chocolaterie-de-provence-marseille-6Marseille. Elle règne alors sur un site de 4,5 hectares et s’est donné les moyens pour réussir avec 18 M€ d’investis contre 12 M€ promis lors de la reprise. Une mise aux normes complète des installations et du Système de Management de la Qualité a été réalisé…La Chocolaterie de Provence a ainsi obtenu en 2013 la certification FSSC ISO 22 000 (norme internationale relative à la sécurité des produits alimentaires) ainsi que la norme ISO 9001v2008 (Systèmes de management de la qualité).

En 2015 le bilan économique est positif, une cinquantaine de salariés y travaillent désormais, la production a été doublée et une boutique de vente directe a ouvert ses portes en février 2015.

la-chocolaterie-de-provence-marseille-7Pour remettre sa chocolaterie en ordre de marche, Yulia Serykh a sorti de sa manche un atout de taille, le marché du chocolat casher et l’export à l’international. Aujourd’hui, l’export apporte 96% du chiffre d’affaires. L’usine produit des liqueurs de cacao, du beurre de cacao, de la poudre et fournit l’industrie agro-alimentaire avec plus de 200 recettes différentes. Elle développe aussi sa marque, et fournit l’ensemble de la grande distribution en marque distributeur. Pour des raisons pratiques, le chocolat a d’abord été testé en Russie qui représente aujourd’hui 2% des parts de marché. Mais, l’Italie demeure cependant le premier client avec 50% des ventes principalement réalisées avec l’industrie agro-alimentaire.

La crise économique russe aurait eu raison de la bonne santé de l’entreprise…En 2019 on découvre un peu par hasard que l’aventure est bel et bien terminée avec un démantèlement progressif dès 2016 et le licenciement de 50 salariés ! La production a cessée en toute discrétion et les machines auraient été vendues. Les derniers signes de vie datent encore d’avril 2021 sur la page Facebook de l’usine. La direction russe cherche alors un nouvel avenir aux lieux qui serviront ensuite un temps pour la production de la Brasserie de la Plaine, le logisticien Mistral Services ou encore la jeune entreprise So Mochi.

Décor de réfectoire de Prison et le parloir

Une association d’ébénistes s’installe également en 2018. En repeignant des volets pour le feuilleton Camping Paradis, l’un des menuisiers suggère à l’équipe d’accueillir des tournages. Et c’est ainsi que fébrilement les premiers productions commencent ici en 2019. Depuis le site se transforme progressivement en studios de cinéma de 30 000 m² avec 13 plateaux et 15 décors tout en gardant son patrimoine industriel…une des pièces de fabrication du chocolat est restée telle qu’elle avec ses thermomètres de cuisson. Elle s’appelle maintenant la « navette spatiale » depuis un clip réalisé avec Kungs ! Le domaine s’étend sur un terrain de 5 hectares offrant à ses utilisateurs une vue imprenable sur les hauteurs de Marseille et sur la mer. Chacun des bâtiments est composé de plusieurs niveaux et propose différents types de décors qui offrent de nombreuses possibilités pour les productions. Ces 3 bâtiments sont dotés de toits terrasses entièrement praticables offrant des séquences inédites. Selon un article paru dans Made in Marseille en 2024 « Plusieurs autres feuilletons tournent régulièrement comme Bellefond avec Stéphane Bern, Le Stagiaire avec Michèle Bernier. Des marques comme H&M, Adidas et Bouygues ont aussi été séduites par l’ambiance des lieux, comme les rappeurs IAM ou Alonzo qui viennent d’y réaliser leurs clips. « JuL vient tourner demain avec PLK ». Un lieu dédié aux tournages qui vient en complément des studios de l’usine Saint Louis. Mais Les studios de Saint-Menet veulent louer plus d’espaces aux entreprises pour assurer leur stabilité financière et créer « une pépinière de l’audiovisuel ».


SOURCES chocolateriedeprovence.fr & econostrum.info & Eve Roy culturecommunication.gouv.fr & Marsactu & Made in Marseille
PHOTOS chocolateriedeprovence.fr & www.fernandpouillon.com H.Delleuse
A NOTER Ce site est un blog personnel, ces informations sont données à titre indicatif et sont mises à jour aussi souvent que possible. N’hésitez pas à me contacter pour toute correction ou contribution

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