Le Grand Vide, Épisode 4, Habitat Précaire

Cours Saint Louis, 13001 Marseille
1420
Le Grand Vide, Épisode 4, Habitat Précaire
Arrondissement : 1er
Site Internet : www.habiter-entre.com
le-grand-vide-marseilleComment Marseille a perdu sa Vieille-Ville ? L’association Les Labourdettes nous propose un feuilleton historique inédit, une balade en photographie sur 110 ans d’Histoire méconnue du centre-ville de Marseille, un mystère urbain qui méritait un décryptage par l’image et les mots…

Créée en 2002 la très active Association des résidents du Square Belsunce « Les Labourdette » a pour objet la valorisation des immeubles dits  » Les Labourdettes « mais aussi la défense du patrimoine architectural, individuel et collectif dans le cadre de la Z.A.C de la Bourse et la recherche d’une meilleure qualité de vie au sein de cette zone avec l’organisation notamment de rendez-vous culturels, de rencontres et d’actions et projets citoyens.


LE GRAND VIDE | ÉPISODE 4 | HABITAT PRÉCAIRE



« En 1944 au moment du débarquement des alliés et la prise de Marseille nous étions soldats originaires d’Algérie, remontés par l’Italie et arrivés ici, je me souviens avoir dormi dans ce terrain vague près du Vieux-Port « .

La photographie dans laquelle nous nous promenons aujourd’hui est une carte postale des années 50, une vue plongeante prise du dernier étage d’un immeuble de la Canebière au niveau des Cours Belsunce et Saint-Louis. A l’angle ainsi mis en scène se trouve le bar « américain ». C’est aussi la dernière maison héritière de la Vielle Ville avec ses colonnes engagées sur 3 étages. Cet angle est une ruine il va être rasé.

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Le même angle aujourd’hui (Mappy.fr)

Aujourd’hui c’est l’immeuble Generali. Derrière l’angle, dans l’espace néantisé qui a atteint ses quatre limites se voit un camp préfabriqué, une architecture de mise au ban, présentée sans vergogne, la pauvreté a atteint toute la ville. C’est le reste du camp de l’armée américaine. La ville a été durant une année sous gouvernement américain et durant ce temps le camp s’est construit là. Cinq années plus tard il y est toujours là, camp de transit il ressemble à ceux qui se construisent partout dans la ville au Nord. Un temporairement indispensable, une urgence qui dure, une colonisation qui s’est mise à nue en plein centre ville.

Une autre colonisation commence à emplir cet espace : le stationnement des automobiles. Et depuis 1929 comment évolue le rien de derrière la Bourse comment est il habité ?


Réponse à la devinette :


« Brusque débouché derrière la bourse, dans les terrains de démolition où, ce matin là, c’est noir de chômeurs.
Ici vient se glacer le rire de Marseille.
– la honte, la honte de ces sans travail, la honte de les laisser crever…
-oui ! dit-il. En cet an de grâce 1932, an de richesse …et on les laisse crever!…des travailleurs! « 

Trois années séparent cette photographie de L.Moholy-Nagy de 1929 et sa légende extraite du roman de Maria Borrély qu’elle consacre à la crise dans les Alpes, elle y décrit la lente descente des gavots, ouvriers sans travail, vers Marseille, leur agonie et leur mort dans ce terrain des riens que l’auteur a si bien compris. Au fond de la photographie, « le bar du palais » et les hommes, debout, actifs ; au devant, l’homme de derrière la Bourse, couché, inactif, tombé au sol. Deux faces de la réalité urbaine et sous les pieds de l’homme, bloqué entre sa canne et sa couche, un plan de ville emporté par le vent. Des arbres ont aussi habité temporairement dans le Grand-Vide cette vue du parc public planté vers la fin des années trente ne durera pas dix ans. Il est extrait de la revue municipale, « Marseille ».

Même angle de vue, autrefois le Grand Vide, aujourd’hui les Tours Labourdette

Comment se fera la reconstruction d’après guerre dans le Grand-vide ? Nous le saurons dans l’épisode suivant.


Découvrez tous les épisodes du feuilleton ici.


Carte postale, édition Ary, sans date, collection particulière, en légende, le souvenir du père d’ une habitante des tours Labourdette . Photographie de L.Moholy-Nagy extraite du catalogue Musées de Marseille, 1991 et citation de Maria Borely, Les mains vides, la part commune, 2003.  Photo actuelle extraite du site mappy.fr 


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