Le Marseillois fut baptisé ainsi en 1981 en mémoire d’un navire militaire marseillais offert à la marine royale sous le règne de Louis XVI (et dont la maquette a rejoint la Collection de la CCI au Mucem). Il reprenait vie face à la l’hôtel de ville à la fin des années 80 après dix ans de restauration, grâce à l’acharnement de son propriétaire de l’époque, Henri Porta, président honoraire de l’Association pour la sauvegarde et la conservation des anciens navires français et étrangers (Ascanfe). Bernard Tarazzi est alors l’autre président honoraire et Pierre Braquemond en est le commandant. En 1977 ces amoureux de vieux gréements rachètent cette goélette abandonnée sur une plage de Majorque aux Baléares pour 70 000 francs. Son pont est alors dévasté, il n’y a plus de mâts et le bastingage est à refaire. Son retour à Marseille fera grimper la note à 210 000 francs.
La mairie de Marseille, alors dirigée par Gaston Defferre, fait un geste en ne faisant pas payer l’emplacement et une souscription sera lancée afin de transformer Le Marseillois en club privé contre une adhésion de 10 000 francs afin d’en devenir sociétaire. 212 bienfaiteurs, dont le nom était inscrit sur des plaques de cuivre ornant le ventre du bateau ont répondu à l’appel.
On comptera 2 000 adhérents en 1990. Le restaurant est lancé dès 1984. Au final, Le Marseillois changera plusieurs fois de mains, avant de devenir une vraie table réputée au milieu des années 1990. Mais tout s’arrête le 11 septembre 2013. L’intervention du bataillon de marins-pompiers de Marseille a été requise à 7 h 40 à bord du voilier restaurant à quai dans le Vieux-Port de Marseille. Immédiatement dépêchés sur place, les moyens du bataillon ont tenté de lutter contre une voie d’eau inondant la cale du bateau sur une hauteur de plus de 30 cm et entraînant un enfoncement de la coque à 80 % dans l’eau.
En dépit de la mise en œuvre d’une pompe d’assèchement de secours, les premiers intervenants n’ont pu que constater l’inexorable enfoncement du bateau dans les eaux du Vieux-Port.
A 8 h 10, seuls les mâts demeuraient visibles, la coque du voilier reposant sur le fond. Des sauveteurs côtiers et des plongeurs de bord de la section sauvetage aquatique ont renforcé le dispositif afin d’explorer l’épave à la recherche de victime potentielle et procéder au recueil des macros déchets flottant en surface afin d’éviter tout risque pour la navigation. Confiée à l’entreprise marseillaise ECTM, l’opération de démantèlement du navire en décembre 2013 comporta deux phases. La première par l’abattage de ses trois-mâts. Pour mener à bien cette découpe des mâts, ECTM a positionné sur le plan d’eau un ponton-grue équipé d’un engin de levage d’une capacité de 100 tonnes.
La seconde phase a débuté début 2014 par la destruction du navire qui s’est achevé en novembre 2014. Plus aucune trace du bateau ne subsiste.
