Capelette, La Petite Chapelle St Laurent

Boulevard Fernand Bonnefoy, 13010 Marseille
2867
Capelette, La Petite Chapelle St Laurent
Arrondissement : 10ème
Le quartier de la Capelette tire son nom de « Petite Chapelle », une appellation liée à l’édifice religieux St Laurent fondé en 1654. Après maintes reconversions c’est un magasin d’électroménager qui avait prit place sur l’emplacement du lieu saint…un édifice qui sera rasé après deux incendies, dont un en 2005, ce qui permettra de laisser apparaître toute l’architecture de la petite Chapelle…mais les restes du lieu de culte, très abîmés, bien qu’étudiée par l’Inrap lors de fouilles archéologiques a été détruite, apparemment impossible à restaurer, malgré le combat d’associations pour qui ce lieu représentait la mémoire du quartier. Dans le cadre de la mise en place d’une Zone d’Aménagement Concertée un immeuble d’habitation prendra place sur ce site en 2019.

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Le site en 2011

Le chantier de fouille de l’Inrap a démontré que les incendies ont détérioré de manière irrémédiable les couches picturales, détruit le couvert et provoqué l’effondrement progressif de la coupole du chœur, rendant l’édifice dangereux. Cependant, le clos, alliant pierres de taille, briques et murs enduits, était bien conservé. L’opération archéologique a ainsi consisté, dans un premier temps, à étudier le bâti et à fouiller le terrain attenant, où se trouvaient le presbytère et le cimetière, puis à explorer le sous-sol de la chapelle. Antoine de Valbelle, conseiller du roi et « lieutenant général des mers du Levant », possédait la propriété de Montfuron. En 1653, il achète le terrain voisin de sa demeure provenant de la dot de Suzanne Farnette, veuve du marchand Pierre Teissère. Ce lieu possédait déjà une croix dite de Jarret. Et c’est Jean-Baptiste Cannin qui couvrira l’édifice et bâtira la plate-forme du maître-autel en granit, rajoutera un campanile pour la cloche et un tumulus sépulture voûté à l’accès fermé par une pierre munie de deux anneaux sur laquelle seront gravées les armes des Valbelle.

Le culte sera assuré par des prêtres rétribués par les fidèles jusqu’en avril 1707, date à laquelle Philippe Goujon, l’un des propriétaires, établira une pension annuelle et perpétuelle de 150 livres en faveur des Trinitaires. Ils y resteront jusqu’à la révolution.

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Le site pendant les fouilles archéologiques en 2015 après la destruction de la Chapelle

Succursale de Saint-Martin, la chapelle sert aussi de lieu d’inhumation, mais une ordonnance du 10 mars 1776 interdit cette pratique, et un petit cimetière est alors créé derrière l’église, et des fonts baptismaux sont installés en 1777. Mais le 24 décembre 1791, la chapelle est fermée et vendue comme bien national. Elle est alors achetée par le maçon Gaspard Isoard, le 4 thermidor an IV (22 juillet 1796), en vue de la récupération des pierres. Toutefois, Isoard ne pouvant payer, la chapelle est remise en vente. Et elle ne trouve pas preneur. Elle devient alors propriété municipale, ce qu’elle est toujours de nos jours. Réouverte en 1803 en tant que succursale, elle perdra ce titre en 1808, et dépendra de Notre-Dame du Mont. Elle traverse alors une période difficile du point de vue financier, et il faudra attendre une ordonnance de Louis-Philippe, le 29 juin 1841, pour qu’elle retrouve son titre et des finances supplémentaires. L’édification par Monseigneur de Mazenod et le curé Chataud d’une nouvelle église au boulevard Saint-Jean en 1850 marque la fin de l’utilisation cultuelle de la chapelle. Jusqu’en 1881, elle est donc occupé par deux classes de l’école communale de garçons tenues par les Frères, mais les lieux étant peu adaptés à cet usage, la construction d’un nouveau groupe scolaire sur place est décidé et la destruction de l’édifice est envisagé.

Toutefois, l’achat d’un terrain mieux adapté au boulevard de la Barnière sauve encore une fois la chapelle qui devient un poste de police. Puis elle sera louée à des particuliers, son premier locataire étant en 1910 M. Altman, fabricant de peintures, et son dernier locataire, un revendeur de pièces détachées pour électroménager.

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Pavement de la chapelle avec emplacement d’une tombe © Bernard Sillano, Inrap

La Chapelle
Longue d’environ 20 mètres pour 8,50 mètres de large, la chapelle se composait d’une nef et d’un chœur, de superficies similaires, séparés par un arc doubleau en pierre de taille. L’étude archéologique consiste à restituer la genèse de l’édifice, depuis sa construction, au moyen d’écroûtages successifs.

La nef était couverte d’un voûtement en berceau avec quatre lunettes largement pénétrantes. Elle était éclairée par deux fenêtres hautes. Le chœur, de plan presque carré, était surmonté d’une coupole faite de briques disposées en pare-feuille qui repose sur des pendentifs aux angles. Les portes latérales ainsi que le portail d’entrée sont en pierre de taille. Les rares fragments d’enduit peint conservés suggèrent que les murs étaient de couleur blanche alors que les structures portantes étaient jaunes.

Le sol de la nef est pavé de carreaux alors que celui du chœur a disparu. La première travée abrite un caveau, tandis que la seconde est occupée par des tombes, marquées au sol par des dalles en pierre de taille. Au centre du chœur, une structure quadrangulaire pourrait correspondre à la fondation d’un autel.

Le Cimetière
Les inhumations à l’intérieur de la chapelle ont cessé en 1776, en application de la décision royale qui interdit d’établir des sépultures dans des lieux clos. Un cimetière est donc créé à l’extérieur.

En 1862, lorsque la chapelle est transformée en école publique, les ossements sont déplacés vers le cimetière Saint-Pierre ; la fouille n’a effectivement révélé, à son emplacement, que des terres remaniées contenant quelques objets funéraires.

Plan du site

Plusieurs sépultures antérieures à la chapelle ont en revanche été mises au jour en bordure du boulevard Lazer. Par leur aspect, elles se rapprochent des tombes de l’antiquité tardive ou du Moyen Âge, ce que préciseront les datations au C14. Il pourrait s’agir des tombes les plus profondes d’une plus vaste nécropole, réchappées des travaux de nivellement modernes.

Après ses études archéologiques réalisées par L’INRAP, sa démolition est prévue dans le plan de rénovation du quartier mais des associations se battent pour la conserver en vue de sa réhabilitation.


SOURCES « dictionnaire des villes, villages et hameaux des bouches-du-Rhône, 1878 » & marseilleforum.com par Coco & Inrap
PHOTOS © Bernard Sillano, Inrap & Google Street View & Mappy.fr
VIDÉO LCM (2011)
A NOTER Ce site est un blog personnel, ces informations sont données à titre indicatif et sont mises à jour aussi souvent que possible. N’hésitez pas à me contacter pour toute correction ou contribution

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