Alexandre Glasberg et le COS Saint Maur, né de la Résistance

129 Avenue de la Rose, 13013 Marseille
770
Alexandre Glasberg et le COS Saint Maur, né de la Résistance
Arrondissement : 13ème
Site Internet : fondationcos.org
7 décembre 1944, Paris…une petite équipe réunie autour de l’abbé Alexandre Glasberg (1902-1981), prêtre catholique d’origine juive, décide de créer une association loi 1901 pour sauver et reclasser les réprouvés et les sans-patrie et plus précisément aider les déportés de retour des camps nazis face à leurs problèmes administratifs, de santé, d’identité, d’emploi, etc. L’association, initialement nommée Service des Étrangers, puis Centre d’orientation sociale des étrangers (COSE) et rebaptisée COS au début des années soixante, a pour première mission de venir en aide aux rescapés des camps nazis. Très belle demeure centenaire située au cœur d’un parc arboré de 5 hectares du quartier de la Rose, le pôle gérontologique COS Saint-Maur de Marseille, ex « Dames de Saint-Maur », fait partie des 60 établissements de l’association.

Le site accueillait préalablement les Sœurs de l’Enfant Jésus – Nicolas Barré, aussi appelées Dames de Saint-Maur, une congrégation religieuse féminine enseignante de droit pontifical. La congrégation est fondée à Rouen en 1666 par le bienheureux Nicolas Barré, de l’ordre des Minimes. De nos jours, le pôle gérontologique marseillais comprend la maison de retraite La Source, le centre d’accueil de jour, le pavillon Le Cèdre dédié aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer et l’unité de soins Le Garlaban dédiée aux personnes très dépendantes. Les professionnels du Pôle prennent en charge l’ensemble des besoins des résidents : aide aux repas, toilettes, animations, ateliers, ménage, etc. Le COS s’est développé à ses débuts autour d’une ambition majeure, contribuer à l’autonomie de la personne. “Tout faire pour la personne ; ne rien faire à sa place” disait déjà dans les années 50 Alexandre Glasberg. Cette formule, visionnaire à l’époque, reste entièrement d’actualité.

A la fin des années 40 et début des années 50, le COS créait ses premières maisons de retraites pour apatrides, à Hyères le centre Beauséjour (aujourd’hui centre de gériatrie de 250 lits) puis à Marvejols.

Puis ce furent pour les personnes handicapées dans le cadre de la réadaptation puis de la rééducation, de la formation, de l’insertion, avec des savoir-faire reconnus notamment pour les personnes cérébrolésées. Au fil du temps, l’association a élargi ses activités et ses équipes ont développé une forte compétence dans la prise en charge aussi bien des personnes âgées, que des personnes en situation de handicap ou de précarité sociale. Enfin, le COS accompagne, soutient et soigne dans ses établissements des personnes de toutes conditions et de toutes origines.

Il reste fidèle à ses origines en donnant toujours la priorité aux plus vulnérables et aux plus démunis.


Alexandre Glasberg

À l’origine de religion juive, Alexandre Glasberg (né en 1902 à Jytomyr, Ukraine) se convertit au catholicisme ainsi que sa famille dans des circonstances qui restent inconnues ; un de ses frères, Vila Glasberg alias Victor Vermont sera arrêté lors des rafles anti-juives, déporté à Auschwitz, dont il ne reviendra pas, et sera nommé Juste en même temps que lui.

En 1921, Alexandre Glasberg est à Vienne (Autriche), pour fuir Jitomir, ou pour faire des études. Dix ans plus tard, il arrive en France, où il est « rebaptisé sous condition » en 1933. Après une expérience à la Trappe de Sept-Fons, il entre au grand séminaire de Moulins, puis au séminaire universitaire de Lyon. Parmi les professeurs, se trouve le père Henri de Lubac de l’ordre des Jésuites.

Ordonné prêtre en 1938, il est nommé vicaire de la paroisse Notre-Dame de Saint-Alban, un faubourg pauvre de Lyon, dont le curé, Laurent Remilleux, effectue un travail de pionnier dans l’accueil aux réfugiés et l’aide sociale.

En 1940, l’abbé Glasberg, dans la suite logique de son travail à Saint Alban, est nommé par le cardinal Gerlier délégué du Comité d’aide aux réfugiés (CAR).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est l’un des premiers, dès 1940, à se préoccuper du sort de la population étrangère internée dans les camps. Il entre dans le Comité de coordination pour l’assistance dans les camps, dit Comité de Nîmes. Vers la mi-1941, il met en place, avec le docteur Joseph Weill de l’OSE, une direction des centres d’accueil (DCA).

Grâce à des démarches obstinées, et en s’aidant du prestige du cardinal Gerlier, il obtient de faire transférer quelques centaines de détenus des camps vers cinq centres qu’il a créés : les centres de Chansaye dans le Rhône (Roche d’Ajoux), le centre de Pont-de-Manne dans la Drôme, le centre de Vic-sur-Cère dans le Cantal, le centre du Lastic à Rosans dans les Hautes-Alpes, et le centre de Cazaubon dans le Gers. Début 1942, avec le père Chaillet, Jean-Marie Soutou et une jeune étudiante, Germaine Ribière, il fonde le groupe de résistance L’Amitié chrétienne, dont le but est d’aider les juifs et les victimes du nazisme.

Ninon Hait, alsacienne d’origine juive, qui a été à cette époque la secrétaire de l’abbé Glasberg, le surnommera le « jongleur de Notre-Dame ». Durant l’été 1942, il participe activement à l’opération de sauvetage de 108 enfants juifs détenus dans le camp de Vénissieux.

Photo de l’agence act-architectes qui a réalisé d’importants travaux de rénovation en 2017

Il est nommé curé à l’Honor-de-Cos dans le hameau de Léribosc par Pierre-Marie Théas, évêque de Montauban en 1943 sous le nom de l’abbé Corvin. Durant cette période, il est un membre actif de la Résistance en Tarn-et-Garonne en occupant un poste au sein du Comité Départemental de Libération présidé par Paul Guiral, alias Daumier ou Gérome. Dès la libération, l’abbé Glasberg fonde le Centre d’orientation sociale des étrangers (COSE), œuvre originale de soutien juridique et d’intégration sociale et professionnelle des réfugiés de l’après guerre démunis de tout. À la fin de la guerre d’Algérie, le COSE devient le COS8, dans le but d’accueillir les Harkis, qui ont la nationalité française. En 1968, il dénonce les atteintes au droit d’asile en France. Ses réflexions et projets influencent la création, en 1971, de l’association France terre d’asile. Après la guerre, il est en relation avec le Mossad et aide de nombreux Juifs à émigrer vers Israël. En particulier, il est à l’origine du succès de l’épopée de l’Exodus. Avec Rose Warfman (née Gluck), il fabrique de faux papiers d’identité pour les passagers de l’Exodus.

Après la proclamation de l’indépendance de l’État d’Israël, le 14 mai 1948, il met en contact les troupes juives entre Jérusalem Ouest et Est par de discrets contacts qui passent par l’intermédiaire des communautés catholiques implantées à Jérusalem. Pour le compte de la Haganah, il se charge d’acheter des armes en Tchécoslovaquie et de les faire transiter par la Corse. En 1951, il participe à l’opération Ezra et Néhémie, un pont aérien organisé par le Mossad pour évacuer les Juifs irakiens, très menacés à la suite de la victoire israélienne lors de la guerre de 1948.

Lors de voyages en Israël, il place beaucoup d’espoir dans l’aspect social des kibboutz. Mais, après la guerre des Six Jours, il est déçu par la tournure que prennent les événements. Il est ensuite à l’origine de mouvements pacifistes regroupant Israéliens et Palestiniens.

En 2004, il reçoit à titre posthume la médaille des Justes parmi les nations.


SOURCES Wikipedia Alexandre Glasberg & fondationcos.org & Wikipedia Sœurs de l’Enfant Jésus – Nicolas Barré 
PHOTOS act-architectes.com  & fondationcos.org & Archives non créditées
A NOTER Ce site est un blog personnel, ces informations sont données à titre indicatif et son mises à jour aussi souvent que possible. N’hésitez pas à me contacter pour toute correction ou contribution

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