Place du Refuge, grecs, déshonneur et repenties

Rue du Refuge, 13002 Marseille
2505
Place du Refuge, grecs, déshonneur et repenties
Arrondissement : 2ème
La place du Refuge se trouve au centre du quartier historique du Panier. Elle fut créée en juillet 1976 suite à la démolition du Couvent des Repenties et du bâtiment de l’oeuvre de l’Entrepôt.

Une fouille archéologique est intervenue sur cette place de 2010 à 2011, entre la traverse Baussenque, les rues des Repenties, du Refuge, et l’ancien îlot 9. La zone fouillée avait une surface de 570 m2 et l’épaisseur de dépôt archéologique était comprise entre 0,30 m et 1,40 m. L’opération a mis en évidence l’évolution continue du bâti entre 600-550 avant notre ère et la démolition de l’ancien couvent de l’Entrepôt, en juillet 1976.

L’Antiquité grecque (VIe-IIe siècles avant notre ère)
L’occupation la plus ancienne commence vers 600-550 avant notre ère. Elle est notamment marquée par des trous de poteaux, une cloison en brique crue, un sol en argile jaune, des fosses et une plaque de foyer. Ces structures indiquent l’ancienne présence d’un habitat léger et peu dense, qui a disparu. La découverte d’un mur en pierre, d’une rigole et de remblais homogènes, datés entre 525 et 480 avant notre ère, prouve que l’occupation du secteur s’est poursuivie au cours de cette période. Des remblais homogènes, aménagés vers 450-400 avant notre ère et conservés dans la partie septentrionale du chantier, correspondent peut-être à un abandon temporaire du site à cette époque. Des murs et des sols en béton d’opus signinum (mortier à base de poudre de tuile), étagés sur les pentes du versant, sont édifiés vers 200-150 avant notre ère. Ils témoignent de l’installation d’un bâti orthogonal orienté nord-sud dans la partie supérieure du chantier.

Dans la partie inférieure, un angle de murs en calcaire blanc et un caniveau en pierre correspondent peut-être à l’angle d’un bassin situé dans la cour d’une maison privée.

L’Antiquité romaine (Ier siècle avant notre ère – début du IIIe siècle de notre ère)

Trois phases correspondant à la période romaine ont pu être observées sur le site. La première phase correspond à la période augustéenne (de 14 avant notre ère à 27 de notre ère). Elle est matérialisée, dans la partie supérieure du site, par la destruction de l’ancien bâti d’époque grecque hellénistique. Dans la partie inférieure, des murs et des caniveaux bétonnés témoignent d’une reconstruction de ce bâti. Au cours de la seconde phase, c’est-à-dire de la période des empereurs flaviens (69-96 de notre ère), l’ancienne maison privée (domus) est restructurée. Au moins deux pièces à étages orientées sud-nord sont partiellement conservées (murs, sols en béton d’opus signinum et caniveau dallé).

La dernière phase commence vers 150-200 de notre ère. La domus est alors abandonnée. Les murs sont arasés et les matériaux récupérés au début du IIIe siècle.

L’Antiquité tardive (VIe-VIIe siècles de notre ère)
Des remblais, du mobilier et une tranchée comblée à l’aide de rejets cendreux, provenant d’un habitat proche, prouvent qu’une occupation se prolonge, durant l’Antiquité tardive, dans la partie supérieure du chantier.

La période médiévale (XIIe-XIVe siècles)
Entre la fin du XIIe et le XIIIe siècle, un bâtiment (maison ?) est construit à l’angle des rues du Refuge et des Repenties (partie supérieure du chantier). Comprenant au moins deux pièces, il indique une reprise de l’urbanisation du secteur, situé en contrebas de la falaise des Moulins. Des foyers d’argile rouge, observés dans l’un des espaces, qui pourrait être une cour, témoignent de l’existence d’une activité domestique.

Au début du XIVe siècle, le bâtiment semble s’étendre vers le nord.
L’îlot moderne se met en place entre 1600 et 1650. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle (1688), l’« œuvre » de l’Entrepôt, établissement religieux appartenant à l’ordre de Saint-Joseph, est construit devant le couvent du Refuge et contre celui des Repenties, à l’ouest. De nouveaux espaces sont alors créés. La mise en place d’un réseau hydraulique (aqueduc, bassins et conduites) marque une importante fréquentation des bâtiments, dont l’utilisation se prolonge au XVIIIe siècle. Un caveau funéraire et deux sépultures en pleine terre ont été découverts dans la partie méridionale de la fouille ; ils étaient situés dans la première église, construite en 1647, du couvent du Refuge. A l’origine, il se nommait Monastère des filles repenties, et elle devint le Refuge en 1640, lorsque fut ouverte la maison du refuge pour y enfermer et remettre dans le droit chemin les femmes de mauvaise vie. Elles entraient par la rue du Déshonneur, devenue depuis rue des Honneurs, puis après une période de rééducation, elle quittaient cet établissement du côté de la rue des Repenties.

Fondée par délibération du 6 décembre 1640, sous le titre de Saint Joseph, ou du Refuge, cette œuvre ne vit le jour que sept ans plus tard. Les conditions de détention étaient telles que cette maison était surnommée « la Galère ». A la révolution, elle passe aux domaines puis à l’administration des hospices. Le 1er avril 1850, est ouvert le dépôt de mendicité.

La réhabilitation de la place
Plus tard, les locaux sont loués en appartements et à des fins artisanales. Racheté par la Ville, il a été réhabilité entre 1956 et 1976. La place fut créée en juillet 1976 suite à la démolition du couvent des Repenties et du bâtiment de l’ouvre de l’Entrepôt. Côté est ont été aménagés des gradins en terre cuite. L’espace central est utilisé jusqu’en 2010 comme places de parking, libéré occasionnellement pour des évènements comme le cinéma en plein air et la fête du Panier. En 1998 s’ouvre la place de l’îlot Madeleine au sud de la place du Refuge : la future place Jean-Claude Izzo. L’îlot n’est pas rebâti, le quartier étant déjà très dense. Quelques années plus tard s’effondrent des bâtiments à l’ouest de la place, libérant ainsi un espace aujourd’hui appelé «l’îlot 9», qui sera à terme reconstruit. Les gradins en terre cuite des années 1970 disparaissent au cours des travaux de 2008 à 2010. Les parcelles les plus vétustes ont été démolies pour libérer un espace à vocation de jeux et de détente. Ainsi ont été créés un terrain de pétanque et des espaces en terre battue pour les enfants. L’ancienne chapelle, qui avait été transformée au début du siècle en cinéma, accueille désormais un Centre d’Animation du Quartier. Et la partie la plus ancienne est devenue un ensemble de 30 logements.

L’ensemble accueille aussi la bibliothèque du panier : bibliothèque de proximité créée en 1989 , elle est installée dans l’ancien couvent du Refuge depuis 2001 et autour d’une cour intérieure, les espaces de la bibliothèque se déploient sous de belles voûtes de brique.

Projection de cinéma en plein air
Depuis 1996, du mois de juin à septembre, Ciné Plein-Air propose des projections de cinéma gratuites portées en collaboration avec de nombreuses structures sociales, des mairies et des opérateurs culturels implantés dans les quartiers de la ville de Marseille.

Conçu pour les publics de tous âges et tous horizons, Ciné Plein-Air est une invitation à (re)voir des films de qualité et découvrir des univers cinématographiques inattendus.


SOURCES marseilleforum / coco & marseille-renovation-urbaine.fr & Inrap
PHOTOS Marseille rénovation Urbaine / Ciné plein air : Association Tilt/2013 & Inrap & Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com
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