Parc du Pharo Emile Duclaux, Spectaculaire balcon sur la mer

Boulevard Charles Livon, 13007 Marseille
7581
Parc du Pharo Emile Duclaux, Spectaculaire balcon sur la mer
Catégorie : Parcs & Jardins / Parcs
Arrondissement : 7ème
C’est un des plus beaux parcs et panoramas marseillais, le jardin du Pharo, baptisé « Emile Duclaux », entoure le Palais du Pharo construit au XIXe siècle à la demande de Louis Napoléon Bonaparte pour en faire cadeau à l’impératrice Eugénie qui n’y mettra jamais les pieds…aujourd’hui de ses 5,7 hectares on y contemple le va et vient des bateaux sur le Vieux-Port, les feux d’artifices, on y joue sur ses aires, ses pelouses et sur son manège, on y apprend à l’Université Aix-Marseille, on y échange au sein du Palais des Congrès, on y déjeune à la terrasse de son petit snack ou de son restaurant à la vue spectaculaire…quant à son nom il vient d’une vigie sur la mer, un faròt, un phare en occitan. 

La ville de Marseille subit entre la fin du xviiie siècle et la première moitié du xixe siècle de profondes mutations, notamment liées à son activité économique florissante. À titre d’exemple, entre 1792 et 1852 la valeur annuelle des marchandises importées ou exportées par le commerce maritime de la ville s’accroît de 852 millions de francs et la population passe de 106 000 à 195 000 habitants. Pour répondre aux nouveaux besoins de la ville, Louis-Napoléon Bonaparte entreprend une vaste politique de construction et de modernisation des infrastructures déjà existantes. À partir de 1852, il débloque les fonds nécessaires à la construction du palais de la Bourse, et à la rénovation de l’Hôtel-Dieu et du port de la Joliette. Ceci explique les nombreuses visites de Louis-Napoléon Bonaparte dès la fin des années 1840.

C’est en particulier au cours de l’une de ses visites en 1851 qu’il émet le souhait de construire une résidence dans la ville. La municipalité se montre rapidement disposée à accomplir cette volonté en offrant au prince-président la somme d’un million de francs à titre de participation. L’engouement du conseil municipal envers le projet s’explique notamment par la volonté de remercier Louis-Napoléon Bonaparte pour sa politique méditerranéenne contribuant au développement de la ville. Le montant de la somme débloquée sera utilisé pour acheter les terrains sur lesquels Louis-Napoléon Bonaparte souhaite faire construire son palais. Proclamé empereur sous le nom de Napoléon III, il charge en novembre 1852 Samuel Vaucher, un architecte genevois, de choisir un terrain approprié pour la construction de la demeure impériale.

Vaucher retient le terrain de la Teste More qui domine le port et offre un panorama sur le littoral. Vaucher présente ses plans à l’empereur en février 1853 et ils se voient corrigés par l’architecte Hector-Martin Lefuel. Le projet de construction se voudra ensuite similaire à celui de la Villa Eugénie à Biarritz dont la construction débute en 1854.

La municipalité débourse près de 1 200 000 francs pour acquérir les terrains. Ces derniers nécessitent une série de travaux de nivellement préalables liés à la forme de cratère du site. La première pierre du palais n’est posée que le 15 août 1858, jour de la Saint-Napoléon. La construction en parallèle de la Villa Eugénie pousse l’empereur à prendre en considération les dernières améliorations techniques. Lefuel est chargé de mener des études en ce sens et les travaux sont arrêtés dès le mois de novembre. Ils reprennent ensuite mais sont ralentis par le manque de crédits et par les difficultés d’approvisionnement en pierre, du fait de la construction simultanée de la cathédrale de la Major. En août 1861, Vaucher est jugé responsable du retard dans les travaux et l’administration civile des travaux décide de le révoquer pour le remplacer par Henri-Jacques Espérandieu, architecte de la basilique Notre-Dame-de-la-Garde et recommandé par différentes figures de l’époque. Parallèlement, les travaux d’ornements intérieurs et de façade sont confiés aux sculpteurs François Gilbert, Vittoz et Simon. Mais en dépit de la nomination d’Espérandieu, le palais du Pharo n’est toujours pas achevé à la chute de l’Empire en 1871. Le couple impérial ne l’habita donc jamais.

Après la chute du régime, les opposants à Napoléon III s’attaquent à tous les symboles de l’Empire. En particulier, la foule détruit tous les emblèmes et ornements napoléoniens qui décorent la façade du bâtiment. À la mort de l’empereur en 1873, la ville de Marseille revendique la propriété du domaine et engage un procès contre l’impératrice, alors unique propriétaire légal. Ceci donne lieu a un virulent procès au terme duquel Eugénie décide en 1884 d’offrir le palais et ses jardins à la ville, à condition qu’ils soient employés à des fins d’utilité publique. Jusqu’à la fin du xixe siècle, l’édifice sert donc d’hôpital et accueille successivement les cholériques et les tuberculeux. Les bâtiments érigés sur la partie latérale de l’esplanade du Palais ont d’abord été occupés par la Faculté de Médecine en 1890. En 1905 l’Institut de médecine tropicale du service de santé des armées, dite l’École du Pharo, y est créé.

Depuis 2012, ce bâtiment accueille le siège de l’Université d’Aix-Marseille. Le palais sert aujourd’hui d’espaces de réception pour la ville de Marseille. Des aménagements ont été entrepris, notamment le rajout de salles souterraines sous les jardins, mais vitrées et proposant un beau panorama vers le Vieux Port, ainsi qu’un auditorium où sont programmés des concerts de l’opéra de Marseille. Sur le site, se trouve également un bâtiment de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole , mais depuis la disparition de celle-ci au profit de la Métropole Aix-Marseille Provence, ils accueillent dorénavant l’un des Conseils de territoire de cette dernière.

À proximité du Palais et face à la côte, se trouve le monument aux héros et victimes de la mer, sculpture de métal de grand format, inscrit au titre des monuments historiques.

Flanquée de deux ailes latérales formant un écran contre le mistral, la structure du Palais s’apparente plus à l’architecture d’une station balnéaire qu’à une demeure impériale. Le projet de construction est à l’époque le reflet de la construction de la Villa Eugénie entreprise par Napoléon III en 1854 à Biarritz. Bien que similaire à celle de Biarritz avec son plan en forme de « U », la résidence du Pharo, de conception plus monumentale avec son étage de combles, est plus grande. De plus à Marseille on employait uniquement la pierre contrairement à la résidence basque conçue de briques. Les références à l’architecture classique sont nombreuses. Le palais du Pharo dispose de façades percées de baies en plein cintre au rez-de-chaussée et de fenêtres arquées aux étages décorées de guirlandes et d’une coquille.

Dans le tympan du fronton triangulaire, on peut observer les armes de la ville de Marseille portées par deux enfants. Les motifs du rez-de-chaussée en pierre de taille ont été sculptés par le marseillais Simon. Le Palais domine un jardin public de 5,7 hectares qui porte aujourd’hui le nom d’Émile Duclaux, mais que les Marseillais continuent d’appeler le jardin du Pharo.

Palais du Pharo et l’œuvre 84 Arcs / Désordre 2013 visible jusqu’en 2021

De son immense pelouse bien entretenue, le parc offre une des plus belles vues de Marseille, sur le Vieux-Port et la côte Nord de la ville. Il est recommandé par beaucoup de marseillais pour admirer les feux d’artifices dans les meilleures conditions. On y trouve une belle aire de jeux pour les enfants, un manège, un snack, un restaurant le Chalet du Pharo à la vue incomparable, des bâtiments de l’Université Aix-Marseille, l’ancien Institut de Médecine Tropicale des Armées et le Centre des Congrès de Marseille localisé dans le Palais du Pharo. L’œuvre monumentale  84 Arcs / Désordre 2013 y était visible jusqu’en 2021. Un petit sentier permet de longer la côte et d’avoir un beau point de vue sur l’Anse du Pharo et le Port Maritime. D’anciens bunkers allemands de la 2ème guerre mondiale sont encore ancrés dans cet espace. Ce sentier devait faire partir d’un projet abandonné de grand sentier littoral reliant plusieurs parcs.

Le parc est ouvert au public de 7h à 21h (du 22 septembre au 20 juin) et de 7h à 22h (du 21 juin au 21 septembre). L’évacuation du public débute 1/4 d’h avant l’heure de fermeture légale. En cas de circonstances exceptionnelles, notamment météorologiques, ou pour tout motif d’intérêt général, en particulier pour des raisons de sécurité, l’accès au jardin du Pharo – Emile Duclaux peut être interdit partiellement ou en totalité et son évacuation décidée.


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Emile Duclaux en 1890

Qui est Emile Duclaux, dont le Parc du Pharo porte le nom ?

Né le 24 juin 1840 à Aurillac, mort le 2 mai 1904 à Paris, Émile Duclaux fut un physicien, biologiste et chimiste français. Il succéda à Pasteur en 1895 à la tête de l’institut du même nom se trouvant à l’époque à proximité du Parc. Issue d’une famille bourgeoise distinguée qui a donné plusieurs générations de médecins, puis des magistrats, il était fils de Justin Duclaux (1797-1860), huissier-audiencier près du tribunal d’Aurillac et d’Agnès Farges (1807-1883), négociante en épicerie. Il suit ses études au collège d’Aurillac, puis au Lycée Saint-Louis à Paris. Reçu simultanément à l’École polytechnique et à l’École normale supérieure en 1859, il choisit de suivre ses études à l’École normale. Assistant dans le laboratoire de Louis Pasteur en 1862, il est nommé suppléant de la chaire de chimie à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand en 1866. Il collabore avec Louis Pasteur à l’étude de la maladie des vers à soie, à Pont-Gisquet. En 1873, il épouse Mathilde Briot, fille du mathématicien Charles Briot, qui lui donnera deux fils : Pierre Duclaux (1876-1949), agronome qui effectuera des recherches en Indochine, et Jacques Duclaux, professeur au Collège de France. Il entame ensuite une carrière comme professeur (à Tours en 1865, à Clermont-Ferrand en 1866, à Lyon en 1873 et à Paris en 1878). Durant la plus grande partie de sa carrière, il a été associé au travail de Louis Pasteur. Le travail de Duclaux était principalement dans les domaines de la chimie, la bactériologie et l’agriculture. Propriétaire d’une ferme à Marmanhac (Cantal), il y étudiait la fabrication du cantal et la pasteurisation du lait. Avec Louis Pasteur, il a collaboré à l’étude de maladies de ver à soie et a aussi participé aux expériences pour réfuter la théorie sur la génération spontanée. Il a aussi entrepris les études sur le phylloxera, un parasite semblable au puceron qui s’attaque aux vignobles. Il a surtout fait des recherches sur la transformation chimique de lait au fromage, aussi bien que les processus de fermentation de bière.

En tant que professeur d’université, il a donné des cours de sciences de la Terre (météorologie) et de physique. En 1880, sa première épouse décède, atteinte de fièvre puerpérale, après la naissance d’un troisième enfant. En 1887, avec Charles Chamberland, Jacques-Joseph Grancher, Edmond Nocard et Émile Roux, il a été le premier maître de publication de l’Institut Pasteur. À la mort de Pasteur, Duclaux devint le directeur de l’Institut de 1895 à 1904, avec Émile Roux et Charles Chamberland en tant que sous-directeurs. Duclaux était un auteur prolifique, ses publications les plus connues sont le Traité de microbiologie, L’hygiène sociale, Ferments et maladies et Pasteur, histoire d’un esprit qui est une biographie consacrée à Pasteur. En 1898, il prend part à la défense du capitaine Dreyfus, lors de l’Affaire.

Il est nommé vice-président de la Ligue française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen dont il est un des fondateurs. En 1901, il épouse en secondes noces Mme James Darmesteter (née Agnès Marie Françoise Robinson). Connue comme auteur d’études sur la littérature publiées sous le nom d’Agnès Darmesteter puis Agnès M. Duclaux. Amateur de littérature et familier du mouvement félibrige, il avait contribué en 1894 à fonder l’École auvergnate (Escolo oubergnato), avec Marcellin Boule et Arsène Vermenouze.


SOURCES Marseille.fr & Wikipédia Palais du Pharo & Wikipedia Emile Duclaux
PHOTOS Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com & Cartes postales anciennes & Anciens plans
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