L’ordre des Clarisses capucines appartient à la famille franciscaine. Les Capucines sont des religieuses, dites aussi Filles de la Passion, qui suivaient la même règle et portaient à peu près le même costume que les capucins dont le Monastère se trouvait non loin de là au niveau de l’actuel Marché des Capucins. Elles furent établies en 1538 à Naples fondé par Maria Lorenza Longo. Il s’agit d’un retour à la Règle de Sainte Claire, en lien avec les Frères Mineurs Capucins. Introduites en France en 1602, le premier monastère est établi à Paris en 1603, et le second, fondé par Marthe d’Oraison, baronne d’Allemagne-en-Provence, à Marseille en 1626. Marthe d’Oraison avait sollicité en vain, vers 1621-1622, son admission au couvent des capucines de Paris, le seul existant alors en France ‒ leurs statuts interdisaient l’entrée aux veuves (son mari Alexandre du Mas de Castellane, baron d’Allemagne-en-Provence est décédé en 1611) ‒, elle se voit conseiller par leur supérieure de fonder un établissement semblable en Provence, où elle pourrait être reçue en qualité de fondatrice.
Les toulonnais qui avait apprit la nouvelle avaient fait la demande de voir ce couvent installé sur leurs terre, mais le lieu proposé ne convenait guère à Marthe d’Oraison qui resta sur son choix de Marseille.
Munie de l’autorisation du pape Urbain VIII (15 octobre 1622), elle ouvre donc un couvent de capucines à Marseille en juillet 1623, avec sa fille Gabrielle, marquise de Villeneuve des Arcs. Le 20 février 1626, le général des capucins envoie trois religieuses parisiennes à Marseille pour aider à la fondation. Dans l’attente de leur arrivée, Marthe exerce la charge de supérieure provisoire des postulantes et commence à ses frais la construction du monastère pour 100 000 livres. Néanmoins, aux dires de ses hagiographes, les austérités qu’elle s’inflige posent problème à la communauté. Le vicaire général, représentant l’autorité épiscopale, lui demande alors de se retirer au couvent de la Visitation de Marseille. Une fois les capucines parisiennes arrivées à Marseille, elle obtient, non sans mal, d’être reçue à la vêture avec les autres postulantes le 19 juillet 1626. Ses mortifications continuent cependant à inquiéter ses supérieurs, alors qu’ils soutiennent, par contre, Agnès d’Aguillenqui, qui, dans le même couvent, s’inflige de semblables humiliations et se heurte, elle aussi, à l’abbesse et à sa communauté. Marthe d’Oraison, en religion sœur Marie, décide alors de se rendre à Paris, en dépit de l’opposition de sa fille et de son gendre, dans l’espoir renouvelé de pouvoir faire profession chez les capucines parisiennes. Elle y est froidement reçue par l’abbesse qui refuse toujours d’accueillir une veuve. Elle doit alors quitter l’habit de novice, le nonce et l’archevêque jugeant que c’était un exemple déplorable « de voir par Paris une demy-capucine sur le pavé ».
Établie dans la capitale, elle y achève précocement sa vie le 30 mai 1627, dans une pauvreté et une humiliation volontaires, après avoir soigné quotidiennement les malades de l’Hôtel-Dieu. L’archevêque Gondi autorise tout de même l’inhumation de la défunte, revêtue de l’habit de novice, au couvent des capucines.