La Maronaise, 1957-2010, Enfer ou Paradis ?

Anse de la Maronaise, 13008 Marseille
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La Maronaise, 1957-2010, Enfer ou Paradis ?
Arrondissement : 8ème
Mythique pour les jet-setters, enfer pour les habitants des Goudes…la “Maro”, la célèbre discothèque à ciel ouvert du “bout du monde”, créée en 1957, a disparue en 2 heures le 5 septembre 2010 sous les coups des bulldozers, rendant à la plage de la Maronaise sa configuration d’origine deux ans avant la création du Parc National des Calanques. Aujourd’hui ? quelques traces au sol et une madeleine de Proust bien ancrée dans les souvenirs de nombreux marseillais nostalgiques. 

La Maronaise en 1972 dans le film « le Tueur »

Impossible d’imaginer un été sans la Maronaise. Tu es l’un des meilleurs ambassadeurs de Marseille” avait écrit en 2000 un élu dans le livre d’or de l’établissement. D’abord simple cabanon de pêcheurs, le lieu se transforme en restaurant en 1962 avant d’être revendu à Jean-Pierre Balaguer, connu à Marseille pour avoir terminé en 1976 la course Abidjan-Nice, qui allait ensuite devenir le Paris-Dakar. Sous sa direction, les débuts sont d’abord simples, des figatelli et des châtaignes dans les braises autour d’un petit concert…mais le lieu commence à être rapidement prisé de par son emplacement exceptionnel au cœur des Calanques et à se transformer doucement en un mélange de club privé, club de vacances et night-club.

La Maronaise en 2005, photo de DJ Diego

Puis en 1997, Philippe Balaguer, le fils de Jean-Pierre, propose d’installer sur le toit de la Maronaise une discothèque. Un choix qui va tout changer sous l’impulsion des mix maisons de DJ Ricardo, aujourd’hui décédé mais aussi de Laurent Garnier, Carl Cox et même les Daft Punk (légende ?). La Maronaise remportera même le prix de club de l’année au concours des Trophées de la Nuit en 2005 suite à de grands travaux de réaménagement. Ouverte 5 jours sur 7 pendant la saison estivale, l’ancien cabanon pouvait attirer certains soirs jusqu’à 1 300 fêtards et 600 voitures générant des embouteillages dantesques dans l’unique et étroit chemin des Goudes menant à l’Anse de la Maronaise…cela en était trop pour certains ! Un collectif “la Maro y’en a marre” s’est constitué lançant des pétitions pour que cessent les nuisances sonores, le trafic routier très dense en pleine nuit et le parking sauvage, parfois même dans les propriétés des habitants limitrophes.

Destruction de la Maronaise en 2010

Une requête en référé avait été par la suite introduite par la préfecture au motif que le bâtiment était “implanté irrégulièrement“,  et “qu’il engendrait d’importantes nuisances sonores l’été”. Les marins pompiers eux-mêmes s’étaient inquiétés du manque d’accessibilité du site…on évoque d’ailleurs le cas de plusieurs habitants des Goudes n’ayant pas pu être secourus à temps. Les normes de sécurité de l’établissement étaient également dans le collimateur, notamment d’un ancien client, Dominique Tian, Maire du VIe et VIIIe arrondissement de Marseille de 1995 à 2013 qui aurait utilisé la fin de la maronaise pour des objectifs électoraux selon Jean-Pierre Balaguer. L’établissement implanté sur le domaine public maritime, se verra suspendu de son autorisation d’occupation temporaire le 31 décembre 2008. La discothèque fermera ses portes en juillet 2009 avant d’être définitivement détruite le 5 septembre 2010…fini le “New York, New York” de Frank Sinatra, le dernier morceau qui annonçait la fermeture aux clients de la Maronaise qui allaient de la jeunesse doré marseillaise, aux joueurs de l’OM, à l’équipe de tournage du film Taxi, en passant par Loana et Jean-Édouard de Loft Story et aussi certains mafieux, même de clans rivaux et dont « la Maro » était un lieu neutre et de trêve…mais pour l’anecdote un crâne humain a d’ailleurs été découvert dans l’anse en 2020, donnant malheureusement tout son sens au proverbe marseillais « va te jeter aux Goudes« .

Aujourd’hui à part un très léger marquage au sol, il ne reste plus aucune trace de l’établissement de nuit dans l’Anse de la Maronaise et l’accès aux voitures sur cette zone a été interdit en 2021 afin de préserver l’environnement exceptionnel des lieux face à l’île Maïre.

Le site de nos jours

La Maronaise en version seventies apparaît quelques minutes dans le film “Le Tueur”, réalisé par Denys de La Patellière avec Jean Gabin et sorti en 1972. L’établissement de nuit y est visible à la 30ème minute (voir l’extrait), servant de scène de crime. Dans ce film, le commissaire divisionnaire Le Guen (Jean Gabin), qui a réussi à arrêter le tueur Georges Gassot, se heurte aux méthodes plus modernes de François Tellier, nouveau directeur de la P.J. Gassot s’enfuit de l’hôpital psychiatrique à destination de Marseille où il rencontre une jeune prostituée allemande Gerda. Mais Le Guen, par l’intermédiaire d’un journaliste, fait croire au Milieu que Gassot est à Marseille pour se mettre à la tête de leurs affaires ; le meurtre du souteneur de Gerda, à Paris, et celui du passeur de Gassot à Marseille laissent croire à cette version…


SOURCES LCM La Provence & Wikipédia Le Tueur  & Trax
PHOTOS Extrait du film “Le Tueur” de Denys de La Patellière & Extrait reportage LCM & Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com & Christian G & DJ Diego
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