Calanque de Sormiou, la Turquoise

Calanque de Sormiou, France
8075
Calanque de Sormiou, la Turquoise
Arrondissement : 9ème
Ses superbes eaux turquoises impressionnent à chaque visite, aimantant les visiteurs depuis…la préhistoire ! Aujourd’hui elle attire en masse les plongeurs, les pêcheurs, les gourmets, les randonneurs et…les instagrameurs. En effet la Calanque de Sormiou est l’une des plus belles et des plus larges du département des Bouches-du-Rhône et tout paradis à son revers de la médaille, saturée à certaine période de l’année, son accès se mérite et son écrin est fragilisé par la sur fréquentation. 

Selon la présentation officielle qui en faîtes par le Parc National des Calanques, les lieux sont occupés depuis la Préhistoire, comme en témoigne la grotte Cosquer. Pendant la Haute Antiquité, ce sont les Ligures qui s’y installent, suivis bientôt des Grecs de Phocée, puis des Romains. Une nappe phréatique est située sous la calanque, alimentant deux puits qui dateraient du XIVe siècle et qui ne se tariront qu’au XXe siècle : les pêcheurs pouvaient s’y installer durablement, et les excursionnistes s’y abreuver au cours d’une pause lors de leurs randonnées. Le nom de Sormiou signifie d’ailleurs en provençal la « meilleure source ». Si la calanque se distingue par sa largeur, elle n’est cependant pas assez profonde pour accueillir les gros tonnages : seules des barques peuvent s’y garer.

Vers 1880, parmi la cinquantaine de personnes occupant la calanque, s’y trouvent donc en majorité de modestes pêcheurs venus du village de Mazargues, devenu aujourd’hui l’un des 111 quartiers de Marseille.

À Sormiou, cette activité de pêche sera plutôt de loisir, au contraire de Morgiou dédiée dès l’origine à la pêche professionnelle. Ici, des pêcheurs du dimanche venaient y taquiner le poisson le matin, et jouer aux boules l’après-midi. Au départ simples abris de fortune confectionnés par les hommes, les cabanons furent à partir du XXe siècle investis par femmes et enfants. Un véritable art de vivre s’y développe, proche de la nature et dénué de confort moderne : on n’y trouve aujourd’hui encore ni eau courante ni électricité ! Les choses ont tout de même un peu changé depuis un siècle, avec l’installation de panneaux solaires, du gaz et du téléphone. Le plus long cabanon, aujourd’hui divisé en plusieurs habitations, abritait les douaniers. Les Calanques étaient en effet un haut lieu de contrebande.

En 1876, la calanque est achetée aux enchères par Charles Buret et Augustine Pascalis, qui l’offrent en dot à leur fille Marie. C’est en 1885 que celle-ci épouse le comte Alfred de Ferry, issu d’une vieille famille de l’aristocratie provençale, sous-préfet, écrivain et membre de l’Académie de Marseille. Elle vit avec lui dans leur bastide de la Magalone, située boulevard Michelet, y menant une vie mondaine et culturelle, recevant Frédéric Mistral ou Anna de Noailles. Mais Marie n’aime rien tant que passer du temps à Sormiou, où elle se rend à cheval pour y pique-niquer, et y écrire des vers chantant les beautés des Calanques…Amoureux de l’endroit, le comte et son épouse décident de s’y faire construire en 1894 une résidence d’été. Elle est surnommée « le Château » par les Calanquais, tant elle paraît luxueuse au regard de leurs maisonnettes !

Le couple fait également édifier 17 cabanons, qu’il met en location à des tarifs très abordables. Ainsi les premiers occupants peuvent-ils demeurer dans la calanque, avant que de nouveaux s’y ajoutent…

À la belle saison, les excursionnistes affluent, les guinguettes fleurissent : c’est le début de la société des loisirs. Le restaurant du Château, le centre UCPA et le petit port, dorénavant dédié à la plaisance, sont les héritiers de cette époque. Autres dépositaires de cette mémoire, les habitants d’aujourd’hui sont pour la plupart les descendants des Mazarguais installés là depuis le XIXe siècle. Après le décès de Marie de Sormiou en 1956, ses arrière-petits-enfants se regroupent en SCI, et c’est à cette SCI que les cabanoniers louent désormais leurs habitations ! Aujourd’hui, en accord avec le Parc national et l’ONF qui est propriétaire des collines et du littoral alentour, les Calanquais continuent de préserver ce patrimoine culturel typique de la tradition provençale, niché dans un écrin naturel d’exception.

Ce paradis naturel se poursuit sous l’eau, où se sont aventurés des pionniers…

C’est à Sormiou que, dès 1942, Georges Beuchat, Albert Falco et le commandant Cousteau réalisent les premières plongées en bouteilles, posant les bases de la plongée sous-marine moderne. C’est parce que les fonds marins sont ici particulièrement riches : Sormiou abrite notamment un bel herbier de Posidonie bien visible à travers ses eaux turquoise. La route n’ayant été goudronnée que dans les années 50-60, l’approvisionnement régulier des résidents de la calanque et le transfert du poisson frais jusqu’en ville se faisaient à l’aide d’une caravane composée d’ânes. On raconte que ceux-ci connaissaient le chemin par cœur, et pouvaient faire l’aller-retour seuls ! On distingue encore aujourd’hui, au milieu des restanques, les murets de l’ancien chemin muletier empierré…

En voiture durant la basse saison il vous faudra affronter une route sinueuse où les croisements peuvent s’avérer très difficiles voir chaotiques !

Le reste du temps, de juin à fin septembre et les week-ends d’avril et de mai, votre véhicule devra rester au parking gratuit près de la station de traitement de la Cayolle (attention ne laissez pas trainer d’affaires dans votre voiture) ou du parking des Baumettes. Vous pouvez également vous y rendre en bus par la ligne 22 ou 23. C’est alors à pied et lors d’une marche exigeante entre 50 minutes et une heure et très souvent sous le cagnard que vous atteindrez enfin les eaux cristallines de Sormiou…prévoyez beaucoup d’eau, un couvre chef et bannissez les tongs et préparez-vous à voir du monde, beaucoup de monde, souvent trop ! Il existe cependant deux solutions pour accéder à la calanque en voiture toute l’année, y posséder un des cents cabanons (mission quasi impossible) ou plus simple posséder une réservation au sein du restaurant le Château créé en 1948 par Rose et Titin Martin.

Ils gardèrent le nom de « Château », que donnaient au début du 20ème siècle les pêcheurs de Sormiou à cette bâtisse, la seule construite en dur, très grande pour une résidence d’été à l’époque. C’était aussi et surtout la propriété de la comtesse Marie de Sormiou évoquée plus haut. Germain Rambaldy et Henri, “Riri”, son fils (qui, pour l’anecdote, a rencontré sa femme Eliette dans ce restaurant en 1972 alors qu’elle y était serveuse), calanquais de toujours, ont repris Le Château en 1980 après avoir tenu pendant cinq ans le restaurant Belle Vue situé sur la plage cinquante mètres plus bas (devenu depuis le centre de plongée UCPA . Point de départ pour découvrir les calanques en kayak). Sébastien, le petit-fils, les a rejoints en 1995 après trois années au Lycée hôtelier de Marseille. L’établissement propose une cuisine provençale de la mer dans une ambiance décontractée et tranquille, qui perpétue la tradition marseillaise…le tout sans avoir accès au réseau électrique ni à l’eau courante !

Communiquez votre plaque d’immatriculation lors de votre résa et accédez au parking payant (5€).

Le lunch avant sa destruction

Sur le côté droit de la calanque se trouve la plage principale, la plus fréquentée, de 61 mètres de long, composée de sable. Un espace qui s’est agrandi en 2017 avec la destruction du restaurant le Lunch (loi littorale oblige) un établissement (l’ex Belle-vue) qui avait connu son heure de gloire à la fin des années 1990 avec le chef Christophe Negrel, parti rejoindre ensuite les cuisines du Lauracée jusqu’en 2020. La plage, la seule du Parc des calanques, est surveillée pendant l’été de début juin à début septembre. On trouve également deux petites criques de sable dans la partie gauche de la calanque à côté du port dont l’une a été agrandie en 2016 grâce à loi littorale…au grand malheur d’un des habitants dont son cabanon a du être rasé à ses frais. La calanque de Sormiou attire les visiteurs depuis…la préhistoire (mésolithique) !

Ainsi, la calanque a de tous temps abrité des pêcheurs dont les familles, avaient également appris et pratiquaient l’agriculture et le pastoralisme. Le site est aujourd’hui d’une grande richesse en termes d’espèces animales et végétales, mais fragile…durant l’été 1998 elle a été dévastée par un incendie, dont l’origine criminelle a été avérée.


SOURCES Plagestv & Wikipédia Calanque de Sormiou & Le Château & sormiou.fr & Parc National des Calanques de Marseille
PHOTOS Dominique Milherou tourisme-marseille.com & Cartes postales ancienes
A NOTER Ce site est un blog personnel, ces informations sont données à titre indicatif et sont mises à jour aussi souvent que possible. N’hésitez pas à me contacter pour toute correction ou contribution


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