Bastide Bel Air, 1871-2016, Histoire d’un gâchis

Traverse de Gibraltar, 13014 Marseille
6030
Bastide Bel Air, 1871-2016, Histoire d’un gâchis
Arrondissement : 14ème
Site Internet : www.labastide.jimdo.com
Construite en 1871 sur une butte du 14e arrondissement, avec une vue imprenable sur Marseille, la Bastide Bel Air avec son parc arboré et son pavillon de chasse fut tour à tour maison de maître, gendarmerie de quartier, maison de fonctionnaires puis un parc public ouvert aux habitants…les lieux était à l’abandon depuis 2005 et son avenir s’est joué entre la décision de la mairie d’en faire des logements sociaux et celles d’associations souhaitant via un projet d’architecte très abouti en faire un véritable poumon vert de ce quartier très urbanisé…mais en janvier 2016 la Bastide était malheureusement rasée.

bastide-bel-air-marseille-2Depuis son abandon, La Bastide a été squattée, vandalisée, jusqu’à ce qu’en 2008, un groupe d’une dizaine de SDF, ex-Don Quichotte, s’y installe, sans effraction, aménageant un potager et montant un projet d’insertion et créant leur association : Château Bel Air. Puis  diverses associations souhaitaient monter un véritable projet sur ce poumon vert que la mairie, propriétaire des lieux, souhaite destiner à un projet privé d’immobilier social. Historiquement, perché en haut de la colline, se trouvait le couvent des Carmélites qui semblait faire écho à la Maternité situé sur la colline de l’autre côté du vallon. Dans ce vallon on retrouve la fin du noyau villageois de la Belle de Mai qui vient s’arrêter sur la colline de Saint-Barthélemy. La colline est lotie par endroits de petits hameaux de maisons individuelles, souvent entourées de murs de soutènement.

La Bastide [dont le parc] était dans cette situation, cachée par un mur de 6 mètres, elle s’isolait de la rue par une densité végétale hors du commun.

bastide-bel-air-marseille-3Dans la rue se trouvent les manufactures, elles se sont installées le long du ruisseau de Plombières et ont densifié le site de manière industrielle. Autour, on retrouve le village de Saint-Barthélemy, quelques hameaux et de nombreuses exploitations agricoles (fermes et bastides). Après la seconde guerre mondiale, la bourgeoisie marseillaise soutint activement les projets d’urbanisation du terroir, […] : si en d’autres temps ces terrains avaient assuré un revenu grâce au vin, ils l’assureraient désormais grâce au béton. La plupart des bastides furent vendues, et l’on y bâtit des ensembles résidentiels ou des HLM. Puis à la fin des années 1960, la construction de la passerelle autoroutière de Plombières créée une césure dans le tissu villageois du quartier en opérant une mise à l’écart que la petite place Burel a bien du mal à combler. Le couvent disparaît au cours des années 1980 pour laisser place à un collège tournant le dos à la nature qui l’entoure.

Et à la fin des années 2000, fleurissent sur tous les derniers espaces naturels des résidences sécurisées continuant ce processus de densification monofonctionnelle par le logement.

Triste fin en janvier 2016
Face à l’idée de la mairie de céder le terrain à des promoteurs sociaux privés, le collectif Bel Air a souhaité monter un contre projet qui peut se définir comme un projet urbain alternatif : un site analysé au maximum, une dépense minimum de matière pour proposer le départ d’une vie urbaine soutenable. Ici, le dessin d’un parc n’était pas l’objectif final du projet, le but était de donner la possibilité aux acteurs de terrain de se projeter dans l’espace, de se l’approprier selon le génie du lieu et de gérer une nouvelle manière de vivre ensemble. Le processus mis en œuvre visait d’abord à (r)éveiller le regard de la population sur les potentiels du site par la formalisation de méthodes d’appropriation et de compréhension du lieu. Par la suite, l’occupation des locaux disponibles par une association aurait permis de faire germer les bases d’un projet durable. Le rôle de l’architecte devait être celui d’un accompagnateur, un conseiller, un révélateur de possibles à une époque où les hommes perdent conscience du rôle qu’ils ont à jouer dans la fabrication de la cité. Le projet était également soutenu par de nombreuses associations, tels que Brouettes & Cie, L’Artichaut, Lab.L, LaFriche Jardinier, La Kuizìn, Les Paniers Marseillais, Terres Fertiles, Plus 1 hectare, LEOpart…Découvrez le projet du collectif

Début Janvier 2016 en dépit d’une ultime manifestation de protestation citoyenne, après un désamiantage du bâti, les engins ont malheureusement rasé l’édifice. Seuls les grands arbres et le pavillon de chasse ont été épargnés par les bulldozers. Aujourd’hui on trouve sur une partie du domaine un Jardin partagé, Le Jardin de Gilbraltar et un ensemble de résidences d’habitation.


SOURCES Collectif Bel Air & Marseille2008
PHOTOS Collectif Bel Air
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